Mediator: la justice cible des experts médicaux en plein conflit d'intérêts
Directeur de la publication : Edwy Plenel
Jean Charpentier, neurochirurgien, qui a travaillé dansl’équipe de recherche du laboratoire et a réalisé des
études sur le Mediator à partir de 1969.
Charpentier, en tant qu’expert pharmacologue-
ARTICLE PUBLIÉ LE SAMEDI 25 JANVIER 2014
toxicologue agréé par le ministère de la santé
Parmi les quinze personnes physiques mises en
publique, a rédigé plusieurs rapports versés au
examen à ce jour, huit sont des experts ou des
dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM)
dirigeants de l’agence du médicament qui ont eu
du Mediator. Mais il s’est soigneusement abstenu
des activités de conseil pour Servier. Le laboratoire
d’exposer les propriétés anorexigènes du benfluorex
a entretenu la confusion entre intérêts privés et
(molécule active du Mediator). Et il ne mentionne pas
nommément la norfenfluramine ; cette molécule est unmétabolite du Mediator, mais aussi de l’Isoméride et
Le futur procès du Mediator sera celui de la tromperie
du Ponderal, deux coupe-faim de Servier qui seront
et de ses conséquences sur la santé de milliers de
retirés du marché en 1997 à cause de leurs effets
victimes. Mais il sera aussi celui des conflits d’intérêts.
pathologiques. La norfenfluramine est le principal
Dès ses débuts, le groupe Servier s’est attaché les
responsable de la toxicité des trois produits.
services, souvent très bien rémunérés, de nombreuxexperts ou fonctionnaires jouant un rôle dans la chaîne
du médicament. Cette stratégie visait à infléchir les
Auditionné par les magistrats instructeurs, le
décisions administratives dans un sens favorable aux
professeur Charpentier a reconnu avec un humour
produits du laboratoire. Elle s’est exercée dans un
involontaire : « Ça m’a beaucoup étonné de voir
complet mélange de genres entre intérêts privés et
le Mediator sortir comme antidiabétique, car çan’a rien à voir ni sur le plan expérimental, ni surle plan clinique. C’est vrai, il diminue la faim. »Selon Charpentier, le produit était principalementanorexigène, mais avait également une action faible« sur les lipides et les glucides ». Et de résumer : «Il y a eu déviation quand ils (les laboratoires) ontfait de cette action secondaire l’action principale pourqualifier cette molécule d’antidiabétique. »
Il est donc clair, d’après le professeur Charpentier, queServier a transformé un anorexigène en antidiabétique. Il est tout aussi clair que le professeur a contribuéà cette manipulation. Après avoir cessé de travaillerpour Servier à partir de 1978, il a continué à êtrerémunéré par le groupe, qui lui a versé près de400 000 € de 1978 à 1995, sans que l’on sache pourquel service…
La première illustration de ce mélange des genres
Mis en examen pour corruption, Charpentier ne
est le tour de passe-passe qui a permis au Mediator
devrait pas se sentir trop isolé. Selon les informations
d’être commercialisé comme adjuvant au traitement
communiquées par le procureur de la République,
du diabète, alors qu’il avait la structure chimique d’un
François Molins, parmi les quinze personnes
anorexigène. Cette manipulation a été facilitée par l’un
physiques mises en examen, huit sont des experts ou
des plus anciens consultants de Servier, le professeur
des dirigeants de l’agence du médicament qui ont
Directeur de la publication : Edwy Plenel
eu des activités de conseil pour Servier. S'ajoutent
le Mediator : les missions confiées au prestataire
à eux une avocate qui a défendu le laboratoire ;
portent sur les études cliniques et les dossiers de
une dirigeante d’entreprise qui a servi d’intermédiaire
médicament dans des domaines variés, notamment
entre Servier et certains de ses conseillers ; et une
le cardiovasculaire, le système nerveux central, le
ex-sénatrice, Marie-Thérèse Hermange, à qui l’on
reproche d’avoir cherché à modifier un rapport sur le
Mais en tant que président de la commission d’AMM,
Mediator dans un sens favorable au groupe. Les quatre
Caulin a eu à connaître de certaines démarches de
dernières personnes mises en examen étant Jacques
Servier visant à modifier les indications du Mediator.
Servier et trois dirigeants de sa société.
Fin 1997, Servier a obtenu de l’agence du médicament
la validation d’une indication dans le diabète, alors
personnes physiques, quatorze visent au moins
que la commission que présidait Caulin l’avait d’abord
l’un des chefs suivants : corruption, prise illégale
refusée, et ne s’est plus manifestée ensuite.
d’intérêts, trafic d’influence, participation illégale
Le professeur Jean-Roger Claude, lui, a été membre
d’un fonctionnaire dans une entreprise précédemment
de la commission d’AMM de 1987 à 2013. Il a
contrôlée, complicité ou recel d’un de ces délits
été consultant de Servier à partir de 1989, et a
(l’exception étant Jacques Servier lui-même, mis
eu des contrats avec le laboratoire jusqu’à 2013.
en examen des chefs de tromperie, escroquerie,
D’après un document du dossier d’instruction que
obtention indue d’autorisation, homicide et blessures
nous avons pu consulter, le montant total de ses
involontaires). Une part importante du dossier est
rémunérations depuis 1989 s’est élevé à plus de 1,6
donc consacrée aux liens illicites entre le fabricant
million d'euros, avec des contrats annuels allant de
du Mediator et certains experts. Mention spéciale
45 000 à 60 000 €, auxquels s’ajoutent des contrats
à la commission d’AMM, littéralement noyautée
spécifiques pour plusieurs médicaments de Servier,
par le groupe Servier depuis un quart de siècle.
notamment le Protelos, le Coversyl et le Stablon. Jean-
Cette commission, intégrée en 1993 à l’Agence du
Roger Claude a eu un autre lien avec Servier, son
médicament (rebaptisée Afssaps puis ANSM), a pour
épouse Nancy Claude ayant été embauchée comme
rôle d’évaluer les demandes d’autorisation de mise sur
Selon le rapport de l’Igas sur le Mediator, Jean-Roger
Pas moins de cinq consultants du laboratoire,
Claude a fait partie, en 1991, d’un groupe de travail
aujourd’hui mis en examen, ont été membres de
de la Commission d’AMM sur la qualité thérapeutique
la commission d’AMM ou l’ont présidée : les
des médicaments en endocrinologie-diabétologie, qui
professeurs Jean-Michel Alexandre, Charles Caulin
a rendu un avis favorable au Mediator, et a ainsi
(présidents respectivement de 1985 à 1993 et de
conforté l’indication du produit pour le diabète.
1997 à 2003), Jean-Roger Claude (membre de 1987
« Amélioration du dossier d'AMM du Vastarel
à 2013), Michel Detilleux et Bernard Rouveix (tous
Un troisième expert, le professeur Michel Detilleux,
Charles Caulin, ancien chef de service à l’hôpital
a lui aussi siégé à la Commission d’AMM – entre
Lariboisière, a eu des contrats avec Servier, de 2000 à
1985 et 2013 – et a été en contrat avec Servier
2010, donc en partie pendant la période où il présidait
entre 1984 et 2013, avec des honoraires annuels
la commission d’AMM. Les montants de ces contrats,
d’environ 30 000 € par an. L’un de ses contrats
représentant environ 50 000 € par an, étaient versés
définit sa mission en termes assez précis : il s’agit
à une société gérée par son épouse, FC Consulting.
d’orienter les produits nouveaux de l’Institut de
D’après les documents que nous avons pu consulter,
recherche Servier « pour les adapter au mieux
l’objet de ces contrats ne mentionne pas nommément
aux contraintes administratives et économiques,Directeur de la publication : Edwy Plenelqu’elles soient nationales ou internationales ».
66 000 €, dont 27 458 € pour des prestations se
Cette mission implique « un suivi systématique
rapportant au Mediator et à un autre médicament de
des derniers enregistrements européens réalisésdans différentes classes thérapeutiques », afin dedéterminer « les implications possibles pour lesnouveaux médicaments ».
Charles Caulin est aujourd’hui mis en examenpour participation illégale d’un fonctionnaire dansune entreprise précédemment contrôlée ; Jean-Roger Claude, Michel Detilleux et Bernard Rouveix
Modèle 3D du ranélate de strontium, molécule du Protelos Fvasconsellos
pour prise illégale d’intérêts. Et May Garnier pour
On comprend aisément l’intérêt, pour remplir une
telle mission, de faire partie de la Commissiond’autorisation de mise sur le marché française,
Un autre consultant de Servier mis en examen est
d’autant que le système européen est en partie calqué
le professeur Jean-Michel Alexandre, personnage clé
sur le système français. D’autre part, deux documents
du système du médicament de 1985 à 2000. Il a
saisis au cours de l’instruction dans les locaux de
présidé la commission d'AMM de 1985 à 1993, puis
la société IRIS (Institut de recherches internationales
a dirigé la commission d'évaluation de l'agence du
Servier) portent explicitement sur le Mediator. L’un
médicament de 1993 à 2000, tout en exerçant la même
d’entre eux fait état d’une « proposition stratégique
responsabilité au niveau de l’agence européenne. convaincante du Pr Detilleux ».
Auditionné en 2011, par la mission d'information
Le professeur Bernard Rouveix, pour sa part, a
de l'Assemblée nationale sur le Mediator, Jean-
effectué des tâches de conseil concernant le Mediator
Michel Alexandre avait déclaré d’emblée qu’il n’avait
entre 2004 et 2008, donc en même temps qu’il
jamais « touché le moindre émolument de l'industrie
était membre de la commission d’AMM. D’après les
pharmaceutique » pendant qu’il exerçait ses fonctions
documents que nous avons pu consulter, le professeur
à l’Agence du médicament. Mais après avoir pris sa
Rouveix n’a pas été payé directement par Servier,
retraite, il a perçu entre 2001 et 2009 un total de
mais par l’intermédiaire d’une société allemande,
1 163 188 € versés par le groupe Servier à la société
CRIS, créée par une ancienne salariée du groupe
CRIS, déjà citée, qui a joué le rôle d’intermédiaire.
pharmaceutique, May Garnier. Entre 2004 et 2008,
Il semble que ce circuit indirect ait été choisi parce
Bernard Rouveix a facturé à May Garnier plus de
que du fait de ses fonctions antérieures, Alexandre nepouvait pas travailler pour une firme pharmaceutique.
Entendu par les magistrats, Jean-Michel Alexandrea affirmé que la teneur de ses conseils était« scientifique » et n’avait « rien à voir avec (son)activité à l’Afssaps ». Cela ne concorde pas avecles relevés d’honoraires qu’il a adressés à MayGarnier. Un relevé daté d’avril 2002 fait état deplusieurs réunions de travail, dont deux avec AlainLe Ridant, dirigeant de Servier qu’Alexandre connaîtde longue date. Au programme d’une de ces réunions :« Amélioration du dossier d’AMM de Vastarel,Directeur de la publication : Edwy Pleneldestiné à l’Allemagne ». Une autre réunion mentionne,
Même si l’on admet que le risque du Mediator était
toujours à propos de Vastarel, « communication
difficile à apprécier en 1995, Mediapart a raconté
de résumé du dossier d’AMM, note technique et
comment les experts français disposaient d’éléments
note économique ». La facture se monte, pour cinq
décisifs en 1998. En 1997, l’Isoméride et le Pondéral
réunions, à 38 112 € hors taxes.
ont été retirés du marché mondial, en raison des
Une autre facture, datée du 20 octobre 2008,
risques d’HTAP et de valvulopathie. Lors d’une
évoque les cas d’effets indésirables dus au Protelos
réunion du Comité technique de pharmacovigilance
et les réponses données au Comité européen des
tenue en septembre 1998, il est dit que le Mediator
médicaments à propos du Valdoxan, et deux autres
et l’Isoméride libèrent dans le sang des quantités de
produits. Montant pour cinq réunions : 35 000 €.
norfenfluramine équivalentes, ce qui implique des
Dans d’autres cas, la facture indique simplement
risques similaires pour le Mediator. « Préparation et tenue de réunions avec M. Alain« Erreur de transcription regrettable »
Le professeur Alexandre dispose de ces informations,
Au total, les conseils relèvent autant de compétences
mais ne réagit pas. Et pas davantage lorsque, l’année
suivante, est signalé le cas d’une patiente atteinte
Alexandre est aujourd’hui mis en examen pour
d’HTAP alors qu’elle n’a pas eu d’autre facteur
participation illégale d’un fonctionnaire dans une
de risque qu’un traitement au Mediator (les cas
entreprise précédemment contrôlée. Les factures que
repérés en 1995 concernaient des patientes qui avaient
nous avons pu consulter ne mentionnent cependant pas
reçu d’autres anorexigènes en même temps que
le Mediator, ce qui concorde avec les déclarations de
le Mediator). Ce premier cas d’HTAP associé au
seul Mediator est évidemment signalé à l’agence du
Mais les magistrats instructeurs se sont aussi
médicament. Qui plus est, un cas de valvulopathie
interrogés sur le rôle d'Alexandre lorsqu’il était à
cardiaque également associé au Mediator seul est
l’agence du médicament. Ils s’étonnent notamment
signalé quelques mois plus tard par un cardiologue de
que le professeur n’ait fait à aucun moment le lien
Marseille, le docteur Georges Chiche.
pharmacologique entre les fenfluramines, moléculesactives de l’Isoméride et du Ponderal, et le benfluorex,principe actif du Mediator.
Ce lien, qui avait été dissimulé dans les rapportsdu professeur Charpentier, n’était pas ignoré de tousles scientifiques. En 1995, l’étude IPPHS, dirigéepar le professeur Lucien Abenhaim, épidémiologue,montrait une association entre fenfluramines et HTAP,ou hypertension artérielle pulmonaire (maladie despoumons gravissime). Les résultats de cette étude ontété présentés lors de plusieurs réunions auxquelles
Jean-Michel Alexandre était présent, en 1994 et 1995,
Le professeur Alexandre était au courant de ces deux
notamment une réunion du comité européen des
cas. En juin 1999, il est destinataire d’une note
médicaments tenue à Londres le 11 juillet 1995. Par
qui l’informe d’un message du professeur Gérald
ailleurs, une enquête de pharmacovigilance, lancée en
Simonneau, pneumologue à l’hôpital Antoine-Béclère
1995, avait mis en évidence des cas d’HTAP associés
où ont été observés les premiers cas d’HTAP associés
au Mediator. Mais aucune relation n’a été faite entre
à l’Isoméride. Simonneau s’étonne de ne pas avoir
l’IPPHS et la surveillance du Mediator.
été informé que le benfluorex se métabolisait en
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norfenfluramine, mentionne le cas de la patiente
Mais il reconnaît aussi avoir signé en novembre 1999
atteinte d’HTAP sous Mediator seul et rappelle
une lettre préparée par les rapporteurs français et
le cas de valvulopathie du docteur Chiche. Et
italiens de la pharmacovigilance, qui était adressée
le pneumologue demande si la réévaluation du
aux Laboratoires Servier et listait les points obscurs
concernant la sécurité et l'efficacité du Mediator.
Il n’y aura aucune réaction du professeur Alexandre.
Abadie a déclaré aux magistrats : « Je ne sais pas
Et dans un document établi par le service qu’il dirige,
pourquoi j'ai signé cette lettre, j'en assume le contenu
le cas du docteur Chiche, qui avait été classé dans la
mais je n'aurais pas dû la signer. »
catégorie « imputabilité plausible », est étrangement
Les deux dernières personnes mises en examen, en
reclassé en « imputabilité douteuse ». Interrogé à ce
dehors des dirigeants du groupe Servier, sont l'ex-
sujet par les magistrats, Jean-Michel Alexandre parle
sénatrice Marie-Thérèse Hermange et le professeur
d’une « erreur de retranscription regrettable ».
Claude Griscelli, consultant pour le laboratoire de
Le rôle d’Alexandre apparaît donc décisif à un moment
2000 à 2008 et conseiller du ministre de la santé,
crucial du développement de l’affaire du Mediator.
Philippe Douste-Blazy, en 2004-2005. Si la présence
Il faut cependant souligner que le médicament de
de Marie-Thérèse Hermange et de Claude Griscelli
Servier est resté sur le marché près d’une décennie
donne une coloration plus politique à l'éventail
après qu’Alexandre eut quitté l’agence. Les signaux
des personnalités mises en cause par les magistrats
d'alarme ont continué à se succéder, sans susciter plus
parisiens, la tonalité dominante est celle du monde des
experts, médecins et pharmacologues.
Un seul autre cadre de l'agence du médicament est
Cet éventail de personnalités est certainement
mis en examen : le docteur Éric Abadie, qui avait
représentatif du système d'influence mis en place
été recruté en 1994 comme conseiller scientifique
par Servier. Mais il est probable que d'autres
par Jean-Michel Alexandre, et qui a été en poste à
experts aient joué un rôle, au moins passif, dans
l'Afssaps jusqu'en 2012, tout en présidant le comité
le scandale du Mediator. Le fait qu'aucun lien n'ait
des médicaments de l'agence européenne de 2007 à
été fait entre les résultats de l'étude IPPHS, qui a
2012. Les magistrats l'ont mis en cause pour prise
contribué à faire retirer du marché l'Isoméride, et
illégale d'intérêts. Mais ce qui lui est reproché est
les données de pharmacovigilance sur le Mediator,
principalement le fait que son épouse, Marie-Ève
reste incompréhensible. Au moins deux membres du
Ibar-Abadie, a effectué des prestations d’avocate pour
comité scientifique de l'IPPHS pouvaient accéder à ces
Servier entre 2005 et 2008, pour un montant total de
données : le professeur Bernard Bégaud, membre de
plus de 51 000 €, alors que lui-même était en poste
la commission de pharmacovigilance ; et le professeur
à l'agence. L'avocate est elle-même mise en examen
Emmanuel Weitzenblum, pneumologue et expert pour
pour recel de prise illégale d'intérêts.
l'HTAP. De même qu'Anne Castot, responsable de lapharmacovigilance à l'agence du médicament. Et, en
Le rôle d'Abadie à propos du Mediator est loin d'être
1999, le professeur Simonneau, qui a identifié en 1991
clair. En 1995, il était informé des résultats de l'IPPHS
les premiers cas d'HTAP liés à l'Isoméride, et qui était
sur les risques de l'isoméride, et il a reconnu dans un
co-signataire de l'étude IPPHS, était lui aussi informé
interrogatoire avoir été au courant, dès 1998, .
Il affirme aussi n'avoir pas été au courant du cas
d'HTAP signalé par le professeur Simonneau, etd'une manière générale ne pas avoir participé à la
Entre 1999 et 2003, le professeur Lucien Abenhaim,
qui avait dirigé l'étude IPPHS, a été directeur généralde la santé. Pendant toute cette période, il affirmequ'aucune information alarmante sur le Mediator ne lui
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est remontée. Après son départ à la suite de la canicule
médical rendu » était jugé insuffisant dès 1999, le
de 2003, son successeur à la direction générale de
Mediator est resté remboursé à 65 %, malgré plusieurs
la santé, William Dab, qui avait lui aussi participé à
notes de l’administration. Cela peut difficilement
l'étude IPPHS, n'est pas davantage intervenu.
s'expliquer sans supposer que les laboratoires Servier
Ignoré de l'administration sur le plan des risques
aient bénéficié, en plus du soutien des experts, d'appuis
sanitaires, le Mediator a été, de manière étonnante,
politiques et dans la haute administration de la santé.
préservé des mesures de déremboursement liées à la
La firme a dû actionner d'autres leviers que celui des
politique du médicament. Alors que son « service
professeurs de médecine grassement rémunérés. Maiscette partie du dossier n'est pas encore instruite. Directeur de la publication : Edwy Plenel
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